Les résultats des recherches campanographiques en Saône et Loire par l'Abbé Tof
L’église d’Anzy-le-Duc a été édifiée à la fin du XIième siècle. Elle est la plus belle des églises romanes du brionnais et l’une des plus intéressantes de la Bourgogne romane, par l’harmonie de ses proportions et la qualité du décor sculpté. Classée Monument Historique en 1852, elle est aujourd’hui placée sous le vocable de Notre Dame de l’Assomption. (Emprunté au Centre d’Etudes du Patrimoine). L’église renferme une riche collection de chapiteaux sculptés ainsi que des peintures murales qui ont été restaurées récemment. L’église présente un plan en croix latine, orientée Ouest-Est.
Le clocher se trouve au-dessus de la croisée du transept. La construction s’élève sur un plan octogonal à trois étages de baies géminées sur un soubassement à 4 ouvertures dont l’une sert d’entrée dans le clocher. Les baies géminées avec doubles colonnettes à chapiteaux, sous des archivoltes et des arcatures lombardes, montrent une évolution de bas en haut. Le décor du dernier étage s'augmente de colonnettes d'angles, de modillons et de corniches à billettes. La flèche est surmontée au poinçon d’une pointe et d’un coq. A l’intérieur nous voyons un certain nombre de pierres dont la couleur tire sur l’orange-rouge. Cela est dû à un incendie qui sévit le 22 mai 1652.
Le beffroi se situe au niveau du premier étage de baies. Il est composé de 2 travées. 2 cloches se partagent l'espace.
La plus grosse date de 1514
La plus petite date de 1866
La cloche de 1514 pèse 730 kg environ. Elle contient 2 lignes d'écriture :
Le texte est en écriture gothique. La première ligne commence par une croix. Chaque mot est délimité par 3 petites fleurs superposées au relief très léger. Au-dessus de certaines lettres ce trouvent les signes tels que présenté ci-dessous :
Ω Ω Ω C
Ligne 1 : + XUS VINCIT + XUS REGNAT + XUS IMPERAT + LAN MIL V ET XIIII FUT Z NOMMEE LOYS ET ME FIT FAIRE FRERE
Ligne 2 : LOYS DU LAC PRIEUR DE CEANS ET DE BRAIGNY
Deux cartouches représentants l’un le Christ de Pitié et l’autre la Vierge à l’Enfant. 2 blasons (voir photos) et le même texte : FRATRIS LUDOVICI DU LAC PRIORIS BRAGNIACI ET CARITATIS
Les omégas (Ω) au-dessus de la ligne 1 signalent l’abréviation du mot. XUS est l’abréviation de Christus. Le C au-dessus du V de la date marque la centaine. Il faut lire Cinq-Cent.
Traduction de ces 2 lignes : Christ vainc, Christ règne, Christ (verbe du mot ‘empereur’) + L’an mil cinq cent et quatorze je fus nommée Louis, et frère Louis Du Lac prieur de ce lieu et de Braigny m’a fait faire. Le Z après le mot ‘FUT’ désigne une marque en forme de Z et de 3 mêlés.
La seconde cloche, plus récente, datant de 1866, pèse 300 kg. Elle comporte 6 lignes d'écriture et beaucoup de décors.
- Inscription : Ligne 1 : MAGNIFICAT ANIMA MEA DOMINUM LVC CI Ligne 2 : JE M’APPELLE EUGENIE Ligne 3 : PARRAIN MR LAURENT THOMAS GASPARD LAMY Ligne 4 : MARRAINE MLLE PHILIBERTE EUGENIE THOMAS DONATRICE DE LA CLOCHE Ligne 5 : BENITE PAR MR SERVAION CURE D’ANZY LE DUC MDCCCLXVI Ligne 6 : vide
- A propos de l’inscription : la ligne 1 est la devise de la cloche, reprise du Chapitre 1 de l’évangile de St Luc : MON AME EXALTE LE SEIGNEUR LUC C1. C1 indique Chapitre 1
- Plusieurs décors : le Tétramorphe : symbolisant les 4 évangélistes par des animaux et un ange. Dessous, le nom de l’évangéliste est inscrit (Matthieu, Marc, Luc, Jean). Représentation de Saint Hugues et en dessous est inscrit SAINT HUGUES PRIEZ POUR NOUS. Le nom Hugues est partiellement effacé par une trace de frappe de tintement. Représentation de la Vierge et l’inscription MARIA IMMACULATA ; représentation du Christ en gloire et l’inscription IHESUS XRISTUS D.N. (D.N. pour Dominum Nostrum) = Jésus Christ notre Seigneur ; Représentation de la Nativité avec l’inscription NATIVITE DE N.S (pour Notre Seigneur). Puis l’inscription du fondeur G.MOREL A LYON
Gédéon Morel était contremaître à la fonderie Paccard à Sévrier quand il s’installe à Lyon, en 1833. Il fabrique des cloches jusqu’en 1869, date à laquelle il remet la fonderie à Oronce Raynaud. Ses cloches sont réputées pour être très décorées. Il a fondu quelques bourdons comme celui de St Bénigne à Dijon ou celui de ND de la Garde à Marseille (8,2t). La fonderie n’existe plus aujourd’hui mais des fouilles ont permis de mettre à jour le four à cloches et quelques murs de la fonderie, sur les pentes de la Croix Rousse à Lyon.