Les résultats des recherches campanographiques en Saône et Loire par l'Abbé Tof
C’est en ce matin du 27 décembre 2008 que nous montons au clocher de l’église Saint Germain de Buxy. Pour accéder au clocher du XIIème siècle, il faut monter par une tourelle escalier, qui se situe au sud du clocher. Elle a été construite au XVIème siècle et elle nous fait arriver sur une passerelle. Ce mode d’accès au clocher est rare dans le département puisqu’avec l’église de Saint Gengoux le National, ce sont les 2 seuls édifices à présenter cette particularité.
Nous entrons dans le clocher en descendant 2 marches assez hautes. Avant de s’arrêter sur les cloches, nous pouvons remarquer que le beffroi et la charpente de la flèche sont impressionnants. Le beffroi compte un étage pour les cloches, mais on peut monter à un niveau supérieur (on ne peut pas parler d’étage mais de niveau ou de palier vu la petite taille de ce dernier) pour trouver la chambre de l’ancienne horloge mécanique. Il y a 3 chambres à l’étage des cloches. La première, par laquelle nous sommes entrés, au sud, dispose d’une cloche. La seconde, deux cloches (mais un emplacement vide) et la troisième chambre, au nord, ne compte aujourd’hui aucune cloche mais l’on peut voir les traces de 2 cloches absentes. Il faut savoir qu’au moment de la révolution, il y avait 6 cloches au clocher (7 même pendant quelques années seulement). Ces cloches, sauf la plus grosse, dans la première chambre, ont toutes été enlevées et les cloches actuelles se sont installées l’une sur un emplacement ancien, et l’autre sur un nouvel emplacement, d’où les traces d’autres emplacements dans la deuxième chambre. Quand on entre dans la troisième chambre, on trouve un trou sur notre gauche. Ce trou correspond a l’horloge mécanique juste au dessus. Par cette ouverture dans le plancher, devait passer les poids de l’horloge. Ces poids en pierre (d’une trentaine de kilos chacun), nous les retrouvons en descendant sous le beffroi. A ce niveau inférieur du clocher, nous constatons que le beffroi est simplement posé sur un rebord en pierre dépassant de la maçonnerie du clocher. Il n’a aucun autre points d’ancrage. Ce procédé est très courants. Il ne faut pas oublier que lorsque les cloches sonnent à la volée, le mouvement qu’elles donnent font bouger (certes légèrement) le beffroi. S’il était ancré dans la maçonnerie, il la fragiliserait et la détruirait. A ce jour, le beffroi est propre, nettoyé de toute trace de pigeons et protégé par des grillages contre les abat-sons. Il reste les anciens moteurs de volée et de tintement posés sur le plancher, ainsi que l’ancien battant de la grosse cloche et celui de la deuxième.
Commençons donc par la première cloche. C’est la plus grosse et la plus ancienne. Elle se situe dans la première chambre, au sud. Son nom est GERMAINE et date de 1515.
Son joug est en bois massif et est relativement ancien. La couronne présente 6 colombettes non décorées. Juste au dessous du cerveau de la cloche, 2 lignes d’inscriptions en gotique. Chaque ligne fait le tour complet de la cloche. Le début de l’inscription en première ligne est marqué par un ostensoir puis le texte : Ihs m Xps vincit Xps regnat Xps inperat Xps ab oi malo nos defendat . A cet endroit, on retrouve un ostensoir portant une croix grecque. Germaine certes suis nomee pour en ce lieu ci estre . Ici on se retrouve au premier ostensoir. Nous passons donc à la ligne suivante qui commence par un cartouche du Christ de pitié, assis les mains liées entouré des instruments de la passion, puis le texte : mise et pour vrai este composee en lan m ccccc et xv . Ici on trouve une gravure de la vierge à l’enfant puis le texte : andrei cortot pc de buci bp inge . Ici on trouve une gravure de l’archange Michel terrassant le dragon puis le texte : l perrea u l t g f s d if eschevins . Aucune autre ornementation n’est repérée sur cette cloche usée par endroits. Rien d’autre que le texte : te deu laudam ave maria inscrit plusieurs fois à mi-hauteur de la cloche.
Deuxième ligne : m ccccc et xv pour la date
Les dimensions de Germaine sont les suivantes (en centimètres) : hauteur au cerveau : 110, hauteur à l’axe : 127. Diamètre intérieur : 110 (le diamètre intérieur est pris à la zone de frappe), diamètre extérieur : 134. Epaisseur du bord à la zone intacte : 11, à la zone de frappe : 8. Poids estimé : 1700kg. Le plus étrange est que les archives départementales et les recherches historiques évaluent cette cloche à 3000kg. Voici un mystère à élucider… Nous pouvons noter que la battant a été remplacé il y a une vingtaine d’années. La cloche présente de nombreuses ébréchures à la pince mais n’est pas fêlée. Elle donne un beau Ré. Son fondeur est inconnu mais des recoupements avec d’autres cloches, notamment la grosse cloche de l’église de Fontaines, sensiblement identique et datant de la même année, laisse penser qu’à cette époque, une campagne de fonte de cloches par des fondeurs ambulants devait avoir lieu dans la région. De nombreuses inscriptions à la craie paraissent à l’intérieur de cette cloche. L’une d’entre elles date d’une trentaine d’années et dévoilent la passion que deux jeunes gens se portent… Il faudrait voir ce qu’il en est pour eux aujourd’hui. Il était courant à l’époque, de monter au clocher (il était ouvert le plus souvent) et de noter le nom de sa bien-aimée sur la cloche qui sonne le plus souvent… On peut y voir l’expression d’une prière qui se perpétue chaque fois que la cloche est sonnée, de la même façon que la prière qui se continue quand on allume un cierge… Germaine est équipée d’un moteur de volée lui permettant de sonner la volée en lancé-franc. Elle est aussi pourvue d’un carillonnement par tintement électromagnétique situé sa gauche.
La deuxième cloche se situe dans la seconde chambre et est placée à l’Ouest. Elle est plus récente que Germaine puisqu’elle date de 1860. Elle a été fondue par G. Morel à Lyon, comme nous pouvons le lire sur la pince.
Mais commençons par le commencement. Le joug est massif en bois. La couronne est composée de 6 colombettes non décorées. Tout de suite, nous avons 5 lignes d’écritures. Voici le texte : magnificat anima mea dominum lucci , à la ligne suivante : j’ai ete benite et donnee a la paroisse de buxy par Ls Jh vitteault pretre de buxy ancien cure de à la ligne : givry mon parrain a ete Jh Mie adot ancien notaire adjoint du maire ma marraine Elbeth à la ligne : duprey epouse de Jn rozaud maire de la commune à la ligne : marcel grandjean chan on d’autun etant cure archipretre – mdccclx . Il y a ensuite une frise composée d’une vigne et d’épis de blé. A mi hauteur de la cloche nous trouvons quatre médaillons représentant la Vierge Marie, Saint Joseph, Saint Germain et le Christ en gloire. Sous chacune de ces représentations, sur la pince est noté : maria immaculata , saint joseph priez pour nous , saint germain priez pour nous , ihesus xristus dn . Nous retrouvons aussi le Tétramorphe : les représentations des quatre évangélistes. Sur la pince enfin, est inscrit le nom et la ville du fondeur.
Magnificat est équipée d’une roue et d’un moteur de volée ainsi que d’un tintement électromagnétique situé à sa droite.
Ses dimensions son les suivantes : hauteur au cerveau : 77, à l’axe : 88. Diamètre intérieur : 79, extérieur : 96. Epaisseur du bord à la zone intacte : 8, à la zone de frappe : 7. Estimation du poids : 600kg. Note : Sol#. Elle est en bon état et son battant est neuf. Elle n’a jamais été tournée
Nous pouvons maintenant passer à la troisième cloche : Pauline –Henriette. Elle se situe également dans la seconde chambre, à l’Est, face à Magnificat.
Cette cloche a toute une histoire sur laquelle nous ne pouvons pas passer. Avant de raisonner dans le clocher de l’église de Buxy, cette cloche servait pour la chapelle du château du Cray à Buxy. On peut encore voir son emplacement par l’entrée du château : tout en haut de la tour, dans une sorte de lanterne, son joug est encore en place (il est retourné la tête en bas). Au début du xx° siècle, cette cloche est installée au clocher de l’église de Buxy où elle sonne pour la mort des petits enfants. Mais très vite elle se fêle et on ne la sonne plus. En 1913, elle est refondu et augmentée (elle gagne quelques kilos probablement mais nous ne savons pas combien) et reçoit le nom de Pauline-Henriette : Pauline en l’honneur de son parrain : Marie Hernest Paul Perret du Cray , et Henriette en l’honneur de sa marraine : Cladie Henriette Charlotte née De Veyny.
Pauline-Henriette est équipée d’un joug en bois massif. Couronne à 6 colombettes non décorées. Nous pouvons noter que son battant est neuf, en acier matricé, exactement comme celui de Magnificat. Elle a été fondue par Ferdinand Farnier, à Robecourt dans les Vosges (inscription sur la pince). Pour les décors et inscriptions, nous voyons en haut une frise d’ornementation représentant une vigne. 3 lignes d’inscriptions : JE M APPELLE PAULINE HENRIETTE ligne suivante : J AI EU POUR PARRAIN MARIE HERNEST PAUL PERRET DU CRAY ET POUR MARRAINE CLADIE HENRIETTE CHARLOTTE NEE DE VEYNY ligne suivante : FONDUE EN L AN DE GRACE 1913 L ABBE AUGUSTIN VERCHER ETANT CURE ARCHIPRETRE DE BUXY. S’en suit une frise faite de feuilles d’arbres sous laquelle sont disposées huit petites croix grecques. Juste au dessus de la pince, à nouveau une frise de fleurs. Sur la Pince, côté ouest, la griffe du fondeur : FERDINAND FARNIER FONDEUR A REBECOURT VOSGES. La cloche est en outre équipée d’un moteur électromécanique pour les tintements.
Ses dimensions sont les suivantes : hauteur au cerveau : 66, à l’axe : 81. Diamètre intérieur : 67, extérieur : 82. Epaisseur du bord à la zone intacte : 6,5, à la zone de frappe : 5,5. Estimation du poids : 390kg. Note : La#. Elle est en bon état hormis une ébréchure à la pince, probablement due à l’impact du battant de la cloche Magnificat qui s’est cassé il y a quelques années (et qui a été changé il y a peu). Elle n’a jamais été tournée
Notre visite prend fin avec la volée des 3 cloches que le lien ci-dessus vous a présenté