Les résultats des recherches campanographiques en Saône et Loire par l'Abbé Tof
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Le clocher de l’église Notre Dame de l’Assomption à Montcenis renferme un très bel ensemble campanaire qui compose une sonnerie puissante et solennelle. La tour se situe en façade de l’église. Avant tout, nous sommes interpelés par la pierre qui compose l’imposant clocher : la pierre rouge de Montcenis. Le clocher a été restauré il y a quelques années. Il est composé d’une tour carrée massive, surmontée d’une haute et fine flèche. Le clocher présente trois ouvertures avec abat-sons en partie cachées par les cadrans. Seule la face Ouest ne présente pas d’ouverture (pour protéger les voisins directs du son des cloches probablement). On accède au clocher par l’escalier qui monte à la tribune de l’orgue. Puis à la tribune, on trouve une porte qui nous fait monter entre les murs, par un passage étroit pour arriver au dessus de la tribune, au niveau des combles de la nef. (A noter que si à ce jour, ces portes ne sont pas fermées à clé, il est néanmoins fortement déconseillé de monter au clocher ne serait-ce que pour ne pas se faire enfermer dedans). A ce niveau, nous apercevons par une ouverture dans les combles de la nef, vers la croisée du transept, une petite cloche toute neuve. Il s’agit de la cinquième cloche. Mais nous l’étudierons un peu plus loin… Nous empruntons un escalier en bois qui nous emmène à un demis niveau.
A ce stade, nous pouvons aller soit à l’ancienne horloge mécanique (qui n’est plus en service) en empruntant un escalier de quelques marches, soit monter à un échelle en bois qui nous conduit dans le beffroi.
Nous entrons dans le beffroi, par la première des trois chambres. Dans cette chambre se trouve la plus grosse cloche (la numéro 1). Cette chambre si situe au Nord. Dans la chambre du milieu se trouvent deux cloches (les cloches numéro 3 et 4 ; la 3 étant à l’Ouest et la 4 à l’Est de cette chambre). Dans la chambre au Sud se trouve le seconde cloche. (les cloches sont numérotées en fonction de leur taille). Dans la chambre du milieu, au centre, à un mètre de hauteur (alors que les cloches se trouvent à un peu plus de 2,50mètres), se trouve le moteur des horloges. Un moteur central qui pilote les aiguilles de chacun des cadrans via une fragile tringlerie. Le beffroi est entièrement en bois mais nous pouvons noter la présence de renforts en acier. Il est en bon état malgré les fientes de pigeons et les branchages un peu partout (restes de nids). Des protections ont été mises aux ouvertures pour protéger de ces désagréments.
Passons maintenant aux cloches. (Petit rappel, nous ne notons seulement ce que nous voyons et nous évitons autant que possible d’interpréter ou d’extrapoler. Ainsi, sur toutes ces cloches, nous ne déchiffrons seulement les noms de la première alors que les autres en portent un, mais qui n’est pas mentionné dessus)
La première cloche, la plus grosse s’appelle Eugénie Hélène.
Elle fut fondue en 1859 à la fonderie Morel à Lyon (comme de nombreuses cloches de cette époque dans le diocèse). Son joug massif en bois est équipé de ferrures de fixations plates… La couronne présente six anses décorées évoquant des monstres marins à moins que ce ne soient des dragons.
Le cerveau est décoré par une frise de feuillage. Sous cette frise, un filet évoquant du fil barbelé puis deux filets font le tour de la cloche. Nous lisons 6 lignes d’inscriptions écrites en majuscules : Ligne 1 : MAGNIFICAT ANIMA MEA DOMINUM – SLV CCI Ligne 2 : JE M’APPELLE EUGENIE HELENE Ligne 3 : J’AI ETE BENITE LE XI SEPTEMBRE MDCCCLIX PAR Mgr FGMF DE MARGUERYE EVEQUE D’AUTUN CHALON ET MACON Ligne 4 : PARRAIN Mr EUGENE SCHNEIDER VICE PRESIDENT DU CORPS LEGISLATIF PRESIDENT DU CONSEIL GENral DE SAONE ET LOIRE Ligne 5 : MARRAINE Mme HELENE D’ANGLAU COMTESSE DE CHARRIN Ligne 6 : CURE DE MONTCENIS Mr PH bert MENEAULT * MAIRE Mr LE COMTE DE CHARRIN. Juste sous ces lignes, une frise de vigne et d’épis de blé agrémentée au dessus et en dessous par deux filets de perles. Sous cet ensemble, quatre médaillons. A l’Est, le Christ bénissant, à l’Ouest la Vierge couronnée, Au Nord la nativité de la Vierge Marie et au Sud, l’Assomption de la Vierge Marie. Chacune de ces représentations est entourée de palmes. Au bas de la robe, le Tétramorphe qui est la représentation des quatre évangélistes Matthieu représenté par l’homme, Marc représenté par le lion, Luc par le bœuf et Jean par l’aigle. Sous toutes ces inscriptions (les médaillons et les représentations du Tétramorphe) nous lisons une ligne de texte qui correspond aux représentations ci-dessus : S.LUCAS IHESUS XRISTUS D.N S.MATTHAEUS NATIVITAS MARIA D.N S.MARCUS O MARIA SIN LABE CONCEPTA ORA PRO NOBIS S.IOHANNE MARIA D N ASSUMPTA . Sous ces inscription, enfin, au niveau de la pince, une large frise de feuillage. Le battant forgé est équipé d’une masse ajoutée sous la boule de frappe. La cloche est équipée d’une roue de volée reliée à un moteur électrique. Elle dispose aussi d’un tintement électromagnétique. Ses dimensions sont les suivantes : hauteur au cerveau : 100, à l’axe : 120. Diamètre extérieur : 124. Epaisseur du bord à la zone intacte : 9,5, à la zone de frappe : 8,5. Estimation du poids : 1200kg.
Passons maintenant à la deuxième cloche, dans la chambre Sud.
Cette cloche est plus ancienne car elle date de 1738. Nous ignorons qui en est le fondeur. L’ornementation de cette cloche est moins importante que celle de sa grande sœur. En dehors des sept lignes d’écritures, les représentations ne sont pas lisibles. La première ligne d’écriture se situe juste sous le cerveau. Voici le texte : Ligne 1 : MESSIRE ALEXIS JEAN DURAND MON PARRAIN DE LAGNY CH er LIEUTENANT DU ROY EN GOUVERNEMENT DE CHAMPAGNE CAP ne AU Régit Ligne 2 : NAILLE AIDE DE CAMP DE SAS MONSEIG r LE COMTE DE CLERMONT SEIG r DE LA TOUR BOST BATTAN CHARMOY MONTESSU SERANDEY Ligne 3 : St NIZIER BURAT LAMOTTE DES PREYS LA ROCHE MARMAGNE § MA MARRAINE DAME DE MARIE MARGUERITE DE TOURNEBULLE DE St Ligne 4 : LUMIER EPOUSE DE Mre FILBETR DURAND E Her SEIG r D’AUXY St URAIN SERU VILERBONOEVIL BABY ESTAY ESTROYE CON er DU ROY EN TOUS SES Ligne 5 : CONSEILS GRAND MAITRE DES EAUX ET FORETS DE FRANCE AU DEP mt DE BOURGOGNE FRANCHE COMTE ALSACE MACONOIS BRESSE BUGEY § Ligne 6 : Me C BERNARD REY CHAPELAIN ME P CORDIER P CURE B D Ligne 7 : CHATELAIN PREVOST ROYAL L COULOT FABRICIE . Sous ces inscriptions, trois représentations dont le Christ en croix. Sur la pince est écrit : ROBE ALEXIS DURAND § E LIEBAULT FL 1738 . Il s’agit du fondeur qui exerça à Huilliécourt (52).
Le joug est en bois massif et les anses simples, non décorées. La cloche présente quelques ébréchures à la pince. Elle est équipée d’une roue et d’un moteur de volée ainsi que d’un tintement électromécanique. Ses dimensions sont les suivantes : hauteur au cerveau : 82, à l’axe : 103. Diamètre extérieur : 109, intérieur : 86. Epaisseur du bord à la zone intacte : 8,5, à la zone de frappe : 7,5. Estimation du poids : 900kg note : Sol
Déplaçons nous maintenant vers la troisième cloche.
Elle date de 1813. Elle est équipée d’un joug droit en acier avec deux cales en bois. Sa couronne n’est pas décorée (6 anses). Sur le cerveau de la cloche nous voyons cette inscription : 970, qui est certainement le numéro de ‘série’ de la cloche chez le fondeur. Le fondeur justement, il s’agit de la maison Baudouin fils à Mâcon (le fondeur est Joseph Alexis, son nom est inscrit au bas de la cloche). Sous le cerveau, nous trouvons trois lignes d’écritures dont voici le texte : Ligne 1 : L’AN 1813 J’AI ETE BENITE PAR Mr JEAN BAPTISTE CHARDON CURE, J’AI EU POUR PARRAIN Ligne 2 : Mr JASCQUES ANTOINE GARCHERY MAIRE DE MONTCENIS ET POUR MARRAINE Mde CLAUDINE Ligne 3 :. DES MILLIERS Pre . Sous ces trois lignes, qui font le tour de la cloche, nous trouvons deux filets soutenus par des angelots : on ne voit que la tête des angelots et ce sont leurs ailes qui soutiennent les filets. Au bas de la robe sont les décors. Ils sont en mauvais état et nous n’arriverons pas à tous les identifier. Au Nord, un personnage que nous n’identifions pas (nous n’arrivons même pas à identifier les objets qui sont représentés autours de lui), à l’Ouest la Vierge à l’Enfant, au Sud un évêque (que nous n’identifions pas non plus) et à l’Est le Christ en croix et saint Jean au pied de la croix. Entre la croix à l’Est, le personnage au Nord et la Vierge à l’Ouest, nous lisons JOSPEH ALEXIS BAUDOUIN FILS FONDEUR. Sous ces inscriptions, nous voyons cinq filets, puis trois filets à la pince. Le battant est en acier avec boule de frappe soudée. La cloche présente des ébréchures à la pince mais n’est pas fêlée. Elle est équipé d’un moteur pour la volée en lancé franc et d’un tintement extérieur par un moteur électromécanique. Ses dimensions sont les suivantes : hauteur au cerveau : 78, à l’axe : 96. Diamètre extérieur : 96, intérieur : 80. Epaisseur du bord à la zone intacte : 6,8, à la zone de frappe : 5,3. Estimation du poids : 540kg
Nous sommes dans la chambre du milieu, face à l’Ouest. En nous retournant à l’Est, nous trouvons la quatrième cloche.
Cette cloche est récente. Elle a été fondue en 1996 à la fonderie Paccard à côté d’Annecy. Cette inscription est portée au bas de la cloche. Son joug est droit, en bois et il est fixe. Cette cloche n’est pas une cloche de volée, mais une cloche de carillon. Elle n’a pas de couronne et donc elle est fixée par un trou à l’intérieur de la cloche, directement du cerveau au joug. On appel une telle cloche une cloche à tête plate (à l’inverse d’une cloche à tête couronnée)Juste sous le cerveau, un numéro : 95A. puis, on trouve une frise de feuilles et de fleurs. A mi-hauteur de la robe, on trouve deux lignes d’inscriptions dont le texte est parfaitement incompréhensible. Le voici : Ligne 1 : R/RL/JL/DL/SM/JMYGMREY/ACM/FR/MD/VR/SD/TR/YB/GFC/OW/MCV/MSR/AT/JL/JAP/PCB/ADB/AAT/C/MB Ligne 2 : JMMA/AS/MDT/DNDR/AJ/LPJ/GG/L/O/C/CB/YPCFR/MC/SFD/FJC/VJ/C JJL/FRIZOT/F.A.P./ARREY/MG/LEF/GSN/DC/OD . Chaque groupe de lettres ici séparés par des barres obliques est en réalité séparé par une petite étoile. Toutes ces lettres sont en fait les abréviations des noms des donateurs de la cloche. Il y a eu une souscription publique pour faire fondre cette cloche et on a mis les initiales de chaque donateur ainsi. Au bas de la robe, deux filets et le nom du fondeur portant cette inscription : 1796 PACCARD ANNECY France 1996 . Pourquoi ces deux dates ? c’est très simple. Cette cloche existait déjà avant 1996. Elle avait été fondue en 1796 et se trouvait avec sa petite sœur (la cinquième cloche) dans un clocheton au milieu de l’église, à la croisée du transept. Cette cloche, comme sa petite sœur, sonnait à la volée si on en juge par les deux trous de cordes que l’on voit encore dans l’église juste au dessus de l’Autel central. Il y a la corde de la petite cloche (la cinquième) et le trou de la quatrième. Quand le clocheton a été supprimé, ces deux cloches ont été descendues et bien des années plus tard, en 1996 pour la quatrième et 1999 pour la cinquième, elles ont été refondues. La quatrième cloche rejoignit alors ses grandes sœurs dans le clocher, mais ne sonnant plus la volée, mais seulement par tintement. Seule la cinquième cloche a repris place dans les combles au dessus de la croisée du transept et sonne à la volée (manuelle). Notre quatrième cloche est donc équipée d’un tintement électromagnétique. Ses dimensions sont les suivantes : hauteur au cerveau : 60. Diamètre extérieur : 76, intérieur : 63. Epaisseur du bord à la zone intacte : 5,8, à la zone de frappe : 5,8. Estimation du poids : 220kg note : Do. Notons que le poids est approximatif car le gabarit de cette cloche est différent de celui des autres cloches de volée : nous trouvons une cloche moins haute et plus large à la pince que les autres.
Passons enfin à la cinquième cloche. Pour accéder à cette cloche, il nous faut redescendre au niveau juste au dessus de la tribune. Là, nous passons par l’ouverture qui donne dans les combles (cette ouverture est bouchée par un grillage par mesure de sécurité). Nous sommes au dessus de la nef. Sur les poutres horizontales de la charpente en triangle reposent des planches sur lesquelles il faut marcher pour accéder à la croisée du transept, vers la cinquième et dernière cloche. Comme écrit plus haut, cette cloche se trouvait dans un clocheton qui a été détruit.
Elle date elle aussi primitivement de 1796 et a été refondue en 1999 comme son texte l’indique. Cependant, cette année de refonte est sujette à caution car sur cette même cloche, la signature du fondeur porte la date à 1996. Est-ce un erreur ? La mémoire tant à dire qu’elle fût bien fondue en 1999. Cette cloche est fixée à un joug en bois massif, lui même fixé à deux petites poutrelles en acier, visées dans la charpente de toit. (voir photo) Ses quatre anses de la couronne ne sont pas décorées. Sous le cerveau, une frise de vigne agrémentée de palmes. Puis, au Sud, cinq lignes d’écritures : Ligne 1 : Ville de Montcenis cloche des Ligne 2 : - baptêmes du 3ème millénaire Ligne 3 : coulée en 1999 Ligne 4 : « allez enseignez les nations et Ligne 5 : baptisez-les « ( Matthieu ch 28 Verset 19 ) . Puis, une ligne au Nord : 1796 Paccard Annecy France 1996. la cloche est équipée d’un bras en acier et d’une corde pour la volée en lancé franc. Ses dimensions sont les suivantes : hauteur au cerveau : 29, à l’axe : 36. Diamètre extérieur : 34,5, intérieur : 29. Epaisseur du bord à la zone intacte : 2,5, à la zone de frappe : 2,5. Estimation du poids : 27kg note : Ré.
Petite explication sur l’usage de ces cloches. Les heures sont sonnées sur la première cloche. Les demis heures sont tintées sur les troisième et la seconde. La volée de l’angélus est exécutée sur la troisième. Pour la messe, seules les trois premières sonnent à la volée. La quatrième cloche semble ne jamais sonner (il n’y a aucun impact dû au coups de marteau de tintement). La cinquième est la cloche des baptêmes et devrait donc être sonnée pour les baptêmes. La sortie des enterrements et sonnée à la volée soit (en fonction du sonneur) sur les cloches deux et trois soit sur les cloches une et deux.
Enregistrement sonnore des cloches pour la messe